Description
Les crevettes du Morbihan :
Pêcher la crevette dans le Morbihan c’est une institution. Chaque année, dès la sortie du calendrier on note les dates des grandes marées. Celles où le coefficient est supérieur à 100. En général, il y en a 3 ou 4 par mois, mais les plus prisées sont celles d’équinoxe en mars et septembre. Celles-ci génèrent une grande migration de bipèdes locaux qui ne rateraient pas cet évènement… Les camping-cars affluent, on pose des RTT, on prépare les filets. Bref il y a de l’agitation sur l’estran ! Il faut toutefois veiller à préserver la ressource et respecter les quantités et les tailles. (Voir réglementation ici.).
Il y a deux variétés de crevettes sur nos côtes :
- Le » bouquet » ou crevette rose, de son vrai nom : Palaemon serratus. Elle vit de 3 à 5 ans et mesure adulte de 5 à 11 cm. Elle doit mesurer au moins 3 cm pour être consommée . Présente à peu près sur toute la façade atlantique, c’est en Bretagne qu’elle est la plus réputée. Translucide à l’état naturel elle prend sa couleur lors de la cuisson. Elle se pêche idéalement dans des trous, des mares ou des flaques lors des grandes marées. Elle se cache généralement sous les algues et se déplace rapidement grâce à son ouïe très sensible qui l’avertit des dangers. Les pêcheurs amateurs l’attrapent avec des épuisettes dans des « coins secrets ». Les professionnels les capturent plus au large avec des casiers.
- Le « boucaud » ou crevette grise, de son vrai nom : Crangon crangon . Elle vit de 1 à 2 ans et mesure adulte de 4 à 8 cm et il est interdit de la pêcher en dessous de 2,2 cm. Elle nait mâle avant de devenir femelle la deuxième année. On la rencontre sur presque toute les côtes européennes, de la Baltique à la Méditerranée. Sa couleur comporte plusieurs variantes de gris et elle garde sa couleur à la cuisson. On la trouve essentiellement sur les fonds sablonneux avec lesquels elle se confond. Très utile pour l’écosystème, elle se nourrit de déchets organiques. Les crevettes grises se pêchent avec un haveneau ou industriellement au casier, voire au filet.
Quelques recettes :
Comme pour les champignons, chaque pêcheur a son coin. Et, forcément, chacun a sa méthodes de cuisson, en effet certain les salent après la cuisson et d’autres les cuisent directement dans l’eau de mer…
Vous pouvez également les mixer avec du beurre (à chacun son pourcentage) pour faire le fameux beurre de crevettes.
Les beaux bouquets peuvent aussi être flambés crus avec du cognac, de la crème et quelques épices.
« La Crevette » par Jean Anouilh, (Fables, 1962)
« Mince, alors ! dit la crevette
Élevée dans les faubourgs,
Ce que ça peut être bête,
De toujours parler d’amour.
Moi qui connais les vieux crabes
Dont le coin est infesté,
Moi qui ai fait les Arabes
De la rue de la Gaîté.
Pensez si ça m’impressionne
Moi, tous ces miaou miaou…
Je ne dois rien à personne
Je travaille sans marlou.
L’amour qui passe à la caisse,
L’amour la main sur le cœur,
C’est toujours la main aux fesses.
Les hommes sont des noceurs.
Le sentiment c’est tout frime :
Ça n’a jamais existé ;
Et ceux qui vont jusqu’au crime,
C’est parce qu’ils étaient vexés. »
Elle dit et sur la plage
Un adolescent joufflu,
Qui péchait dans les parages,
On ne sait pourquoi lui plut
Il n’avait pas de tendresse, Comptait la manger tout cru,
Elle qui avait fait pièce A tous les pêcheurs du cru,
Malgré sa triste dégaine;
Subjuguée par ses mollets,
Paralysée, incertaine
Elle choit dans son filet.
Il la cuit, il la dépiaute…
L’amour est un accident.
Les crevettes sont idiotes.
Les femmes ont du bon sens.
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