Description
Les salines de Sarzeau, presqu’île de Rhuys, golfe du Morbihan
Les rives du Morbihan regorgent d’anciens marais salants. Le sel y a toujours été cultivé et a été l’une des grandes richesses de la région. Malheureusement, ces marais qui ont transformé le paysage ont progressivement été abandonnés. Mais depuis quelques années, ils reprennent vie du côté de la presqu’île de Rhuys. On y redécouvre ce métier difficile, incertain et si proche de nos racines iodées.
La Bretagne, terre de sel
Depuis l’antiquité, le sel est récolté sur la façade atlantique. La production bretonne se situe essentiellement de Lorient à La Baule. En effet, les terres argileuses et le mouvement des marées sont propices à son apparition. À l’époque, et jusqu’au moyen âge, il est produit par évaporation. On disposait une saumure dans des pots de cuisson (les augets) et ceux-ci passaient dans un four. Avec la chaleur, l’humidité disparaissait et le sel ressortait sous forme de pain. On retrouve parfois des fragments de ces poteries dans le Golfe, ce qui aide également à mesurer l’évolution du niveau d’eau.
Outre sa vocation d’exhausteur de goût, l’usage du sel est déjà multiple. En effet, il sert également dans la pharmacopée ou le travail du cuir. Mais c’était surtout le principal ingrédient de la conservation des aliments. Ce qui a permis aux Bretons de partir pêcher loin et de faire la fortune des pêcheurs de morue. Mais aussi d’exporter ce sel comme à Penerf, Auray ou au Logeo. L’enjeu économique de cette culture est donc important et le sel a grandement enrichi la Bretagne.
C’est au IXe siècle que démarre progressivement l’exploitation intensive des marais salants à Guérande. Ceux-ci avaient été offerts à l’abbaye de Redon par le comte de Vannes. Les habitants y acquièrent un véritable savoir-faire dans la transformation et l’exploitation des marais salants. C’est à partir de cette époque que le sel est récolté par ratissage après séchage au soleil.
Les marais salants du Golfe du Morbihan
En 1463 le premier marais salant est créé dans le Golfe du Morbihan. Il s’agit de celui de Truscat à Sarzeau, offert par le duc de Bretagne à son secrétaire. Au XVIe, quelques paludiers, n’ayant plus de place à Guérande, viennent s’installer au pourtour du Golfe. Ce sont eux qui créeront, pour l’abbaye de Rhuys, ceux de Saint Armel à Lasné à la fin du XVIIe.
Mais, c’est au début du XVIIIe que la production du Golfe connaîtra un essor spectaculaire. Tout d’abord, car la demande explose, tant sur le marché français qu’étranger. Ensuite, car c’est l’apogée de la contrebande due à la gabelle qui a parfois atteint 800% du prix de base. Le Morbihan n’échappe pas au trafic malgré de nombreux fonctionnaires, les gabelous (250 rien qu’à Sarzeau). Chargés de la surveillance, et parfois cachés dans les œillets, ils n’évitent pas de mémorables batailles avec les trafiquants. Et enfin, car les chanoines de la cathédrale de Vannes avaient besoin d’argent après avoir perdu à la bourse !
En effet, victimes de la grande banqueroute de 1720 qui appauvrit beaucoup de français, ils devaient se « refaire ». Pour cela ils firent venir 400 Guérandais pour produire et exploiter du sel à Séné, puis dans tout le Golfe. En 20 ans, dépassant la surface de Guérande, ils en firent la première place de la saliculture bretonne.
Le déclin et le renouveau des salines de Saint Armel et Sarzeau
Progressivement, à partir de la deuxième moitié du XIXe, l’activité connaît un déclin qui amènera à sa disparition un siècle plus tard. Entre la fin des taxes, la démocratisation du produit ou l’exploitation de gisements, le sel perd alors de sa rentabilité. Beaucoup de paludiers se tourneront vers l’ostréiculture, plus rémunératrice. Plus tard, avec l’apparition des conserves, puis celles des réfrigérateurs, le sel devient moins nécessaire pour conserver les aliments. Dès lors, les marais salants deviennent des refuges ornithologiques.
Le succès du retour de l’exploitation traditionnelle à Guérande vers 1970 donne des idées aux Morbihannais. Ainsi en 1978 le Conseil Général acquiert les anciens marais de Lasné et les remet en état en 2002. Abandonnés depuis 130 ans, ils seront à nouveau exploités par Olivier Chenelle de 2003 à 2015. Celui-ci réhabilitera ensuite, seul, ceux de Truscat à Sarzeau en 2016. Succédant ainsi à Pierre Eude qui les exploita jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Sur notre affiche :
Il fallait choisir entre les marais salants de Sarzeau et Saint Armel. Nous avons opté pour les premiers qui sont à la fois les plus anciens et les plus récents et nous admirons le travail de réhabilitation qui y a été fait. Sur l’affiche, nous les découvrons au moment où le soleil commence à se coucher en teintant légèrement le ciel.
Liens pour en savoir plus :
Le site des salines de Truscat
Histoire maritime du golfe du Morbihan (Excellent livre à lire pour les amoureux de la région)
Notice sur les fours à augets de la côte méridionale bretonne et plus spécialement du Morbihan, par Yves Coppens -1953
Sels de France (acteurs et producteurs)
Le guide des oiseaux du golfe en PDF
Nos autres affiches sur la presqu’île de Rhuys
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