Description
Les Sinagots dans le Golfe du Morbihan
Les Sinagots sont particulièrement emblématiques de la vie du Golfe du Morbihan. Leurs voiles ont longtemps parsemé le paysage d’éclats rouges. Synonyme d’un âge d’or et d’une tradition aujourd’hui révolue, ils sont restés dans l’imaginaire collectif. En apercevoir un au large, ou lors d’un rassemblement de vieux gréements, est toujours un moment d’émotion.
Les Sinagots, des hommes et des bateaux
Avec ses courants, ses vasières ou ses herbiers, le Golfe du Morbihan a toujours favorisé la vie aquatique. Poissons, coquillages ou crustacés s’y trouvent donc en abondance et servent également de nourriture aux gens du littoral. Ainsi la pêche, essentiellement à pied, y a toujours été pratiquée par les habitants. Mais ce sont ceux de Séné (les Sinagots) qui ont développé la pêche sur embarcation durant le XIXe.
Au fil du perfectionnement des outils, cette population alors rurale est devenue la référence en matière de pêcheurs. Ceux-ci ont progressivement adapté leurs embarcations aux nouvelles techniques de pêche et ont alors construit leurs propres bateaux. À noter, que très maniable avec peu de fond, de nombreuses femmes pouvaient les manœuvrer aisément. Ainsi, elles ont représenté jusqu’à 1/3 des capitaines et beaucoup accompagnaient leur maris comme mousse.
Le Sinagot, un bateau évolutif
Au début du XIXe les chaloupes utilisées mesurent environ 6,50m, ne possèdent qu’un mât et sortent peu du Golfe. En 1857, les premiers bateaux sont directement construits à Séné et un second mât est ajouté. Au début du XIXe, ils font environ 9m. Selon l’équipement, ils peuvent pêcher la crevette, l’huître ou les poissons côtiers.
À cette époque, le poisson commence à se faire rare et les Sinagots s’aventurent hors du Golfe. Ils vont alors, souvent en groupe, pêcher la sardine entre Le Croisic et la baie de Quiberon. Ils vont également draguer l’huître en rivière de Penerf. Vers 1910, la flotille compte environ 150 unités. À partir de 1919 et jusqu’en 1953, date du dernier fabriqué, ils sont essentiellement construits au Bono (environ 650).
Voiles rouges, coque noire
Outre sa silhouette, le Sinagot est reconnaissable à sa coque noire et ses voiles rouges. C’est une caractéristique ordinaire des bateaux dits « de travail », particulièrement en Bretagne. Mais comme les Sinagots ont eu plusieurs centaines d’exemplaires, elle est souvent associée à ce bateau. À l’inverse, les coques de bateaux de plaisance sont souvent blanches, tout comme leurs voiles.
La couleur de la coque s’explique par l’utilisation d’un produit bon marché efficace pour son étanchéité : le coaltar. De couleur noire, il s’agit d’un goudron fabriqué par la distillation de houille. Cette préparation collante et gluante est ensuite badigeonnée à chaud sur la coque. Ses vapeurs denses provoquent parfois des malaises qui sont à l’origine de l’expression « être dans le coaltar ».
Quant aux voiles, il faut qu’elles soient étanches et résistent aux UV et aux moisissures. Chaque famille, chaque port avaient sa recette pour les protéger. Globalement, elles sont badigeonnées d’un mélange de graisse et de colorant et la teneur de celui-ci donne la couleur finale. La graisse peut être de l’huile de lin ou du saindoux. Le tannage est devenu de plus en plus rouge avec l’utilisation de la décoction de cachou au détriment de celle de chêne. L’ocre rouge remplace finalement cette dernière et l’opération sera l’occasion de festivités. Les marins en profitent alors pour y tremper leurs vareuses et leurs pantalons !
Les Sinagots naviguant sur le Golfe:
6 Sinagots naviguent actuellement dans le Golfe du Morbihan. Quatre sont des répliques et deux sont d’origine. Tous possèdent une coque noire et des voiles rouges, mais ils se différencient à de petits détails. Voici donc une petite présentation pour les distinguer :
- Les « Trois Frères », Construit au Bono dans les chantiers Querrien en 1943, il mesure 10,50 mètres et se reconnaît à son liseré bleu vif. Plusieurs fois restauré, c’est le plus ancien et le seul à avoir réellement pêché. Il appartient aux « Amis des Sinagots » qui l’a réhabilité et fait classer aux Monuments Historiques en 1983.
- Le « Joli Vent», il mesure 11,40 mètres et possède un liseré vert. Construit en 1958 par le chantier Armand Thomas à Vannes, c’est le second d’origine. Destiné à la plaisance, il a connu maintes vies avant d’être restauré et sauvé par les « Amis des Sinagots » à Séné.
- Le «Mab er Guip » (l’enfant du Guip), datant de 1985, il se distingue par son liseré rouge. C’est la réplique du « Vainqueur des Jaloux » de 1933. Construit pour la plaisance au chantier du Guip, il appartient aussi aux « Amis des Sinagots ».
- Le « Jean et Jeanne », il mesure 9 mètres et se remarque grâce à sa fine bande blanche. Construit au Chantier du Guip sur l’Île-aux-Moines, il date de 1990 . Son propriétaire actuel est la mairie de Séné.
- Le « Crialeïs , également construit au chantier du Guip en 1990, il mesure 10,65 mètres. Il se reconnaît à son liseré bleu clair. C’est la réplique du “Jouet des Flots” et appartient à l’Association « Pour un Sinago Îlois ». On le trouve à l’ïle aux Moines, dont il porte l’ancien nom.
- « Ma Préférée», est célèbre pour avoir possédé des voiles bleues. Celles-ci illustraient la conserverie « Petit Navire ». C’est une réplique d’un modèle de 1933 des chantiers Querrien. Fabriquée au Guip en 1981, il mesure 10,20 mètres de long et se distingue à son liseré jaune. Longtemps basé à La Trinité Sur Mer, il appartient depuis 2019 aux « Vieilles Voiles de Rhuys » à Sarzeau.
Sur notre affiche:
Nous avons représenté Joli Vent et Ma Préférée revenant d’une sortie en baie de Quiberon. Les voici, vu de port Navalo, entrant dans le Golfe. Au loin, nous distinguons la silhouette si caractéristique du petit bois de la pointe d’ Er Hourel à Locmariaquer.
Comment embarquer sur un Sinagot ?
Il suffit de contacter l’une des associations suivantes :
- Les Amis des Sinagots à Séné
- l’Association Pour un Sinago Îlois sur l’Île aux Moines
- Les Vieilles Voiles de Rhuys à Sarzeau
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